Oncle Vania
Anton Tchekov - Galin Stoev
2h30 • tarif 1 → de 10 € à 29 €
représentation en audiodescription
texte Anton Tchekhov
mise en scène Galin Stoev
texte français Virginie Ferrere et Galin Stoev
avec Suliane Brahim Sociétaire de la Comédie-Française, Catherine Salviat, Sociétaire honoraire de la Comédie-Française, Sébastien Eveno comédien permanent associé au projet de direction de la Comédie – CDN de Reims, Catherine Ferran Sociétaire honoraire de la Comédie-Française, Cyril Gueï, Côme Paillard, Marie Razafindrakoto / Élise Friha en alternance et Galin Stoev
collaboration artistique et assistanat à la mise en scène Virginie Ferrere
scénographie Alban Ho Van
lumières Elsa Revol
costumes Bjanka Adžić Ursulov
sons et musiques Joan Cambon
avec l’aide pour la création des machines musicales de Stéphane Dardé
dressage Vincent Desprez
Remerciements Caroline Chaniolleau, Andrzej Seweryn, Elise Friha et Jean Charmillot
Tchekhov dans ce qu’il a de plus libre et de plus actuel
Oncle Vania commence dans un contexte de crise : Serebriakov, un universitaire renommé, marié à une jeune femme, Elena, a choisi de prendre sa retraite dans le domaine familial, loin de tout. L’arrivée du couple rompt l’équilibre de ceux qui travaillaient jusque-là au jour le jour, au milieu d’un monde paysan déshérité : Vania, le beau-frère du professeur, et Sonia, sa fille, qui gèrent l’exploitation agricole, ainsi que le docteur Astrov, médecin de campagne. Leur confrontation au narcissisme du professeur, à la beauté troublante d’Elena et à l’oisiveté décomplexée de ces nouveaux arrivants va devenir explosive…
Galin Stoev choisit de situer la pièce de Tchekhov dans un avenir proche, dystopique, où après l’effondrement du système, de plus en plus de gens quittent les villes pour se réinventer un « vivre ensemble » à la campagne. Sauf qu’ici, faire communauté apparaît vite impossible : à force d’avoir accumulé des frustrations émotionnelles, intellectuelles et sexuelles, les personnages sont rattrapés par leurs démons destructeurs. Alors, tous s’accrochent au moment présent et à l’espoir de la passion pour se sentir vivants, ne fût-ce qu’un instant…
Derrière cette ferveur se cachent leurs vies ratées et une insoutenable soif de tendresse.
Tchekhov ne parle pas ici de « pièce » mais de « scènes de la vie en campagne, en quatre actes ». Il n’y a pas d’histoire.
Ce sont des scènes, des situations. De ces scènes, on tente bien sûr de tirer un fil, une histoire assez banale, comme souvent chez Tchekhov, où les personnages tombent amoureux, mais jamais de la bonne personne, et où tout le monde souffre. La puissance de la pièce tient dans la façon dont Tchekhov parle d’une manière absolument sublime de l’échec. Les personnages sont propulsés dans des frustrations sociales, culturelles et sexuelles – parce que chez Tchekhov, ce sont aussi, souvent, des histoires de sexe. Tous sont insatisfaits.
Là où ils peuvent se rencontrer véritablement, c’est à travers ces frustrations accumulées.(…) Les personnages sont tous extrêmement méchants les uns envers les autres et ils sont profondément malheureux.
Mais d’un autre côté, Tchekhov met en avant ce que j’appellerais la nécessité basique de l’être humain d’être heureux, cette force qui pousse tout un chacun à rechercher le bonheur, l’amour et la reconnaissance, le désir d’être accompli et intègre. (…) Les spectateurs prennent alors un certain plaisir à regarder comment les personnages se débrouillent face à une situation inextricable.
(…) Dès lors que nous comprenons les êtres tels qu’ils sont, dans leurs contradictions, alors nous les acceptons.
La compréhension annule le jugement. Tchekhov nous propose de découvrir des personnages dans leur gloire et leur beauté, mais aussi dans leurs mesquineries. Et quand nous les regardons, nous cessons de les juger, nous en embrassons la complexité et peut-être alors devenons-nous un peu plus sensibles dans notre propre vie.(…)
Oncle Vania nous plonge dans la fragilité de notre humanité.(…)
Galin Stoev
(extrait de propos recueillis par Matthieu Banvillet – 2022)
Galin Stoev à propos d’ Oncle Vania :
“Tchekhov invite à la compassion”
Pourquoi avoir choisi de monter « Oncle Vania » ?
Parce que c’est une pièce qui raconte une sorte de naufrage émotionnel au sein d’une famille mais qui a une résonance plus large. On peut, en effet peut transposer ce naufrage au monde d’aujourd’hui en l’ajustant à toutes les composantes de notre vie : sociales affectives, économiques, émotionnelles. Et « Oncle Vania » est d’autant plus contemporain que la pièce parle aussi écologie.
Tchekhov est un de vos auteurs préférés…
C’est un auteur qui perce les mystères de l’âme. Tchekhov montre l’être humain avec ses paradoxes, ses mesquineries, ses méchancetés mais aussi ses beautés. Et en mélangeant des éléments qui ne se mélangent habituellement pas, il fait ressortir la complexité, la fragilité de l’être humain et la poésie qui est cachée derrière ses faiblesses. Tchekhov ne juge pas ses personnages et son regard nous invite à voir autrui avec plus de compréhension et de compassion. Et la compréhension annule le jugement…
« Oncle Vania », dites vous « a l’apparence d’une pièce de salon, mais c’est une pièce de bataille »…
La pièce a une forme classique, mais avec des codes très contemporains. Une famille et des amis se retrouvent dans une maison à la campagne. Mais dans cette situation somme toute banale les personnages ici, sont tous insatisfaits, en situation d’échec. Mais ils ont aussi cette nécessité qu’a tout être humain de chercher l’amour, le bonheur, la reconnaissance. Et si on creuse, chaque personnage a sa stratégie de bataille pour sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve.
Par-delà la pièce, quelle est l’intention de Tchekhov ?
Elle est de nous faire descendre au fond de nous-mêmes dans nos propres ténèbres, et nous faire entendre ce qui a besoin d’être libéré. Et plus loin encore ce que nous dit Tchekhov, c’est que cette lumière qui doit être libérée est une lumière pure…
La pièce a une dimension écologique…
Tout à fait. Et Tchekhov qui l’a écrite il y a 120 ans, était visionnaire. Dans la pièce, le docteur Astrov, s’insurge contre la déforestation. Dans l’acte I, son monologue parle de l’être humain qui détruit la nature avec les terribles répercussions que cela a sur la vie et sur les humains…
Vous situez la pièce dans un futur dystopique. Pourquoi ?
Je ne voulais pas avoir à choisir entre une représentation de la pièce dans sa forme classique, en costumes d’époque et une mise en scène contemporaine. J’ai préféré la situer dans un futur proche, dans un monde d’après, guerre, catastrophe… À un moment où les gens, comme cela a été le cas après le Covid, sont partis ensemble vivre à la campagne, cultiver leur jardin, parce que le système du « monde d’avant » ne fonctionnait plus.
Quid du décor, de la scénographie ?
J’ai souhaité des décors écoresponsables, avec une réutilisation des décors anciens, notamment de mon précédent spectacle IvanOff. J’ai travaillé avec Alban Ho Van et nous avons imaginé un décor qui, évoquera une maison à la campagne, mais représentera surtout une salle d’attente. Avec cette notion que ce lieu est une pause entre ce que l’on a laissé derrière soi et ce que l’on va affronter. Avec un sentiment d’incertitude et la nostalgie de ce qui n’est plus.
Quels comédiens pour cette pièce ?
De belles et fortes personnalités artistiques. Des comédiens de la Comédie Française, une jeune comédienne juste sortie de l’AtelierCité. … Je les ai tous vus jouer et j’admire leur travail. Je suis très fier de cette distribution.
09/01/2023 – Propos recueillis par Nicole Clodi – La Dépêche
(…) S’emparant de Tchekhov pour imaginer nos futurs en commun, Galin Stoev transpose Oncle Vania dans un avenir proche où l’humanité s’est réfugiée à la campagne pour fuir le collapse et l’effondrement du système. Une dystopie à même de redonner du mordant au ‘’ sourire mélancolique ‘’ de Tchekhov, estime Galin Stoev, à propos d’une pièce où l’échec règne en maître et distribue à l’envi confrontations et frustrations. Les Inrocks
(…) avec ingéniosité et fulgurance, Galin Stoev donne vie au naufrage de cette famille au bord de la rupture. L’Oeil d’Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
(…) La beauté du spectacle de Galin Stoev tient à l’humanité qu’il laisse affleurer à tout instant, malgré le constat sans appel. Le Monde
…Ce sont ces personnages, et la manière dont ils sont interprétés, qui font tout le prix de ce spectacle qui vaut pour ce qui se joue entre les êtres, dans ce théâtre de la vie que pratique Galin Stoev…. Le Monde
...Tout cela est d’une grande lucidité. Sans esbroufe, à travers une clarté dramaturgique de chaque instant, Galin Stoev tisse magnifiquement les fils enchevêtrés de ces scènes de vie à la campagne. Un pur bonheur de théâtre.... La Terrasse
Production : ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie.
Coproductions : Comédie, Centre dramatique national de Reims.
Remerciements Jean Charmillot.
Réalisation du décor dans les Ateliers de construction du ThéâtredelaCité sous la direction de Michaël Labat.
Photos © Marie Liebig
jeu. 25 jan. 19h T+C
Lectures à la bougie
Trois nouvelles d’ Anton TCHÉKHOV lues par les élèves en classe de théâtre au Patio des Arts : “La mort d’un fonctionnaire”, “Comment j’ai convolé en justes noces” et “Le drame”
Travaux dirigés par Andrée Benchetrit et Marie Razafindrakoto.
Hall d’entrée [entrée libre]